Selon Guy Cornillac, linguiste, dans le tissu perceptif que le monde offre à nos sens, le langage, déjà installé en nous, découpe les unités de sens qui vont forger nos représentations. Comment penser alors la phase de la méditation que le Yoga su-tra dit « sans les mots » ?
Voici la question de départ de ce cahier, sur laquelle s’articule avec beaucoup de précision, l’article de Laurence Maman, Un bain de parole ; pour Michel Alibert, le Nom murmuré devient lui-même une clé qui ouvre le monde ; pour Peter Hersnack, la méditation semble bien proche de cette perception sans mot.
À ce thème socle, s’entrecroise un autre qui pose la question de l’identité qui est au cœur de la méditation du yoga, mais c’est un philosophe, Denis Guénoun qui nous demande de tendre l’oreille à une parole autre, peut-être pour nous comprendre mieux nous-mêmes.
Je remercie aussi Marina Margherita et Martyn Neal pour la simple vérité de leur propos. Elle a un effet de démystification qui m’apparaît utile dans un contexte qui fait parfois de la méditation une chose compliquée ou une tentative exclusive de faire le vide ou comme de toutes choses, une marchandise, alors qu’elle est avant tout une qualité naturelle de l’être humain. L’article de François Lorin est le petit grain de sable toujours bien venu pour réveiller les certitudes.